Abraham Kreps (et son fils Daniel ? août 1952, Saint-Raphaël). Archives familiales

Abraham Yojl KREPS
par Rose, Monique, Michel et Daniel, ses enfants

Il est né de Mendel Kreps et de Kurfeld Meindler, le 26 mai 1900 à Opole, alors petite bourgade de Silésie polonaise qui, au début de la guerre, comptait 4 325 Juifs. Sa famille était très pauvre et il fut orphelin de père à sept ans, Mendel ayant péri dans un incendie alors qu’il portait secours à des voisins dont la maison était en flammes. Sa femme, pour assurer le quotidien de ses enfants, livrait le lait aux familles riches. C’est gratuitement qu’Abraham put aller au Heder et ensuite en apprentissage. Sa vie était très dure. Il est arrivé en France en 1920 via l’Allemagne alors que ses deux frères et sa sœur ont opté pour l’Amérique via Cuba et le Brésil où ils ont des descendants.

Il se marie avec Rywka Wald en 1929 et a deux filles : Rose, née en 1930, et Monique, née en 1940. Ils vivent à Paris au 48 rue de la Goutte-d’Or à Paris 18e. Comme beaucoup de Juifs polonais, il travaille énormément avec sa femme dans son petit atelier de tailleur, va au café. C’est un homme convivial, généreux, pas croyant, plutôt socialiste. Sa vie est sans histoires jusqu’à ce que l’Histoire gronde.

Le 14 mai 1941, il se rend au Commissariat du 18e ayant reçu une convocation, le “billet vert”, qui l’invite à se présenter en personne accompagné d’un membre de sa famille ou d’un ami, pour examen de sa situation. Avec d’autres, il sera transféré au camp de Pithiviers avec comme motif En surnombre dans l’économie nationale”. Sa femme prépara son évasion en achetant des complicités et en faisant intervenir sa fille Rose qui le suppliera de s’enfuir. Mais il refusa par respect de la légalité et pour rester avec un ami, Abraham Gryntuch, originaire lui aussi d’Opole. Lorsqu’ils voudront s’évader, cela ne sera plus possible et ils seront remis aux autorités occupantes pour être envoyés à Auschwitz, par le convoi 4, le 25 juin 1942.

Les archives retrouvées le décrivent ainsi :
“Yeux marron, cheveux châtains, front très vertical, visage ovale, nez. Vêtu d’un pantalon marron, veston bleu marine, coiffé d’un béret, chaussé de brodequins

Dès lors, sa fille Monique est confiée à une nourrice à Grosrouvre, et sa femme et sa fille Rose qui échappent à la rafle du 16 juillet grâce à des gendarmes bienveillants (cela a existé) et au concierge de l’immeuble, se réfugient en zone libre avec beaucoup d’autres familles juives à Châteaumeillant.

Il reviendra de déportation le 9 juin 1945 après avoir fait, depuis Auschwitz, le nettoyage du Ghetto de Varsovie, la « marche de la mort » vers le camp de Dachau et ensuite le camp de Mildorf. Il ne devra d’avoir survécu que parce qu’il était trop exténué pour suivre l’ordre donné par les SS aux déportés de courir pour leur liberté. Ils furent tirés comme des lapins et mon père sera libéré, soigné. Du convoi 4, il sera l’un des 59 survivants sur 1000 déportés dont 900 étaient Polonais. Il sera naturalisé Français en 1948.

Revenu de déportation, la vie de couple sera rompue avec sa première femme. Il refera sa vie avec Chava Aronwald, elle-même veuve de Maurice Kuzner, assassiné à Treblinka, et mère de deux enfants, Solange et Claude. Ils auront deux fils, Michel né en 1947 et Daniel né en 1951. Malheureusement, un banal accident de voiture l‘arracha à la vie en 1963 à Autruche dans les Ardennes, lui qui avait résisté à quatre ans de captivité, Pithiviers et Auschwitz...

Le mystère, c’est que ce petit homme qui ne semblait pas avoir l’étoffe d’un héros et qui était plutôt discret ait résisté à toutes ces épreuves et à l’enfer d’Auschwitz.

 

Témoignage recueilli en 2008

 

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ABRAHAM YOJL KREPS
Interné
au camp de Pithiviers à partir du 14 mai 1941
Déporté à Auschwitz le 25 juin 1942 par le convoi 4
Décédé en 1963 à l’âge de 63 ans

ROSE
Fille d’Abraham Yojl Kreps
Née en 1930

MONIQUE
Fille d’Abraham Yojl Kreps
Née en 1940

MICHEL
Fils d’Abraham Yojl Kreps
en 1947

DANIEL
Fils d’Abraham Yojl Kreps
en 1951