Efraïm Buch au camp de Beaune-la-Rolande (17 décembre 1941). Archives familiales

Efraïm BUCH
par son fils Salomon Buch

Quelle ne fut ma surprise et mon émotion d’entendre le message téléphonique d’une dame, Monique Novodorsqui que je ne connaissais pas, me questionner au sujet de mon père déporté du camp de Pithiviers par le convoi 6, le 17 juillet 1942 ! N’est-il pas remarquable que l’on puisse après plus de 66 ans ramener du néant et de l’oubli un être que les nazis avaient dénué de toute personnalité, avant de lui retirer la vie ? Un être qui avant de devenir un simple numéro anonyme avait eu un nom Efraïm (diminutif yiddish Fishel) Buch : une famille, une histoire, une vie, que je vais m’efforcer de revivre avec lui, mon père, un ami pour moi, qui n’a jamais quitté ma mémoire.

Il est né avec le siècle, le 5 janvier 1900 à Varsovie, dans une famille traditionnaliste, comme la plupart des gens de cette époque. Son père était un traibitcher (celui qui retirait les nerfs et parties impures des bêtes abattues). Sa mère tenait un petit commerce d’épicerie dans la rue Nalefka, une des plus pauvres de Varsovie. Je n’ai jamais connu mes grands-parents disparus dans la grande tourmente du ghetto. L’unique sœur cadette de mon père partit en 1937 avec son mari sioniste et deux enfants pour s’établir en Palestine.
 
Lors de la première occupation allemande en 1915, si tolérante envers les Juifs, le jeune Efraïm quittant le heder se chargea d’amener à l’échoppe de sa mère de la marchandise de contrebande. Au cours de ses pérégrinations, il se lia avec des syndicalistes aux idées révolutionnaires. Il abandonna la religion et de hassid du Rebbe de Guer, il devint bundiste. Mobilisé dans l’armée de la nouvelle Pologne indépendante, en butte aux brimades des soldats antisémites, il refusa d’aller avec eux combattre l’armée rouge, issue de la révolution bolchevique.

Déserteur, pourchassé par la police, ne pouvant dormir deux nuits de suite à la même adresse, il songea à émigrer. C’est alors qu’il rencontra une ancienne voisine de palier, Doba Aurbach, revenue de Plock à Varsovie depuis la mort de ses parents victimes du typhus. La plus jeune d’une famille de six enfants vivants sur treize, elle se préparait à rejoindre ses frères à Paris. Leizer, le plus jeune, étant justement le meilleur ami de mon père, les deux jeunes gens promirent de se revoir dans la capitale française.

Si la vague d’immigration d’avant la Grande guerre s’était établie dans le Marais, près du Pletzl, suivie des mieux nantis sur les hauteurs de Montmartre, un autre groupe avait essaimé autour de la Cité Popincourt et de ses environs immédiats. La nouvelle vague des années vingt s’installa dans le quartier populaire de Belleville, dans le 20e arrondissement. Mon père, comme tant d’autres, prit une chambre dans un hôtel garni, 1 rue Pierre-Nys, renommé depuis Louis-Bonnet. Après avoir été serveur dans un restaurant juif de Montmartre, il apprit les rudiments de la maroquinerie, se spécialisant dans la pose des fermoirs. Après des débuts difficiles chez Herringfeld, la plus importante fabrique de l’époque, il devint un des meilleurs riveurs qui soient.

Il fut considéré comme un bon parti par les frères de Doba. Le mariage fut célébré le 22 avril 1922, suivi de ma naissance le 1er mai 1923. Ce n’est qu’en 1925, après la naissance de ma sœur Denise le 25 août 1924, que le jeune couple prit un logement de deux pièces-cuisine avec eau-gaz-électricité au premier étage du 33 rue des Couronnes, non loin du boulevard de Belleville.

La première pièce servait à la fois de vestibule, de salle à manger et d’atelier dans lequel mon père rivait les fermoirs avec l’aide de ma mère. Souvent, en pleine saison, mon père se faisait aider par un ami, Fishel Rotenberg, qui apprit vite. C’était un métier saisonnier, suivi de longues mortes saisons. Il fallait donc œuvrer du matin au soir pour gagner assez d’argent, en prévision des périodes creuses. Mais la bonne humeur régnait au rythme des chansons folkloriques yiddish que mes parents aimaient fredonner. À quatre heures, en rentrant de l’école, maman débarrassait la table, le temps d’un goûter de pain noir coupé en triangle avec du fromage, du raifort noir ou du chocolat pour les enfants qui arrivaient tous les trois ans. Bientôt nous fûmes cinq, j’étais le seul garçon de toute la famille Buch-Aurbach, le plus gâté aussi.

Mon père qui parlait un bon français nous emmenait tous les ans en vacances à Champigny, aux Sables d’Olonne, puis dans une propriété de Villeneuve-Saint-Georges. Il m’initia aux plaisirs de la mer et des huîtres qu’il adorait. Il lisait Paris-soir, l’Excelsior entièrement illustré, L’Œuvre et le Populaire dont je partageais la lecture. Avec ma mère, il lisait le Pariser–Haint et le Folkszeitung en yiddish que je ne sais pas lire, mais que je parle couramment. Très proche de moi, il m’emmenait partout avec lui, au grand dam de Denise. Il développa mon goût de la lecture en m’inscrivant dès l’âge de neuf ans à la bibliothèque municipale du quartier. Par la suite, il me fit assister aux réunions du syndicat des cuirs et peaux dirigé par le secrétaire général Charles Michels, un brave gars sympathique qui sera fusillé à Châteaubriant. Une station de métro honore sa mémoire.

Avec la crise économique du Krach de 1929, le travail se fit rare. L’argent aussi. L’ardoise de l’épicière juive en bas de chez nous se remplit du crédit accordé.

Plus question de vacances. Inscrit au chômage, il allait pointer tous les jours, rue Cafarelli dans le 3e. Il fallait se méfier de l’inspecteur soupçonneux demandant la raison de son absence à la maison. Travaillait-il en cachette ? Il passait vérifier chez la concierge. Avec sa signature déposée au commissariat, la pipelette représentait l’Autorité. Elle faisait son rapport au commissaire, à l’administrateur de l’immeuble, sur les fréquentations des locataires, leurs activités sociales et politiques. À tout bout de champ, on avait besoin d’un certificat de domicile à faire certifier au poste de police. Elle tirait le cordon-s’il-vous-plait et savait quel courrier on recevait. Aussi la gratifiait-on de pourboires et de cadeaux pour vivre en bonne entente avec elle.

La vie d’un immigré, ouvrier de surcroît, n’était pas facile. Pour avoir le droit de travailler, il devait se rendre à la Préfecture de Police, demander et recevoir la carte d’identité, bleue en forme d’accordéon. Tous ne la recevaient pas. Selon la couleur, jaune ou verte, on vous classait artisan, commerçant ou pire encore, un permis de séjour sans droit de travailler. D’une durée de trois ans, le renouvellement de la carte était un cauchemar, de peur de perdre le droit au travail.

En 1939, mon père n’eut aucun mal à la conserver, mais la Pologne en guerre ayant rendu la citoyenneté à tous ses ressortissants, il perdit son statut de nationalité indéterminée. Cela lui coûta la liberté, quand le 14 mai 1941, on relâcha les apatrides et on garda les autres… Tous ses cinq enfants devinrent français par déclaration à la naissance. Néanmoins, lorsqu’il fit en 1938 une demande de naturalisation française, elle lui fut refusée, ce qui explique peut-être, que, n’ayant pas encore 16 ans, trois de mes sœurs furent déportées avec la rafle du Vel d’Hiv.

Avec le scandale de l’affaire Stavisky, on nota la montée des ligues factieuses au slogan de “La France aux Français”, repris hélas, même par le parti communiste. Les graffiti de “Mort aux juifs” se firent plus nombreux sur les vespasiennes et les murs d’affiches. On s’en prenait aux étrangers. Pierre Laval, nommé président du Conseil en 1934, expulsa manu-militari les mineurs et laboureurs polonais que la France avait fait venir quinze ans plus tôt pour suppléer à la main-d’œuvre française tuée à la guerre. On refusait le droit d’asile aux nombreux réfugiés allemands fuyant les excès du régime hitlérien.

En réaction aux émeutes du 6 février 1934, un répit vint avec l’avènement du Front Populaire, en Juin 36. Mais le travail à domicile devint interdit et papa dut chercher plusieurs employeurs. Il conçut un plan pour ouvrir avec peu de capitaux sa propre fabrique, dans laquelle je serais à l’établi, et Denise à la machine à coudre. Dans cette optique, je devins apprenti à 13 ans.

Après mon certificat d’études reçu avec mention Bien, mon instituteur, Monsieur Girard vint à la maison implorer mon père de me laisser continuer mes études. Il accepta, mais j’avais, à tort, résolu de travailler.

La guerre ! On la craignait, on la sentait venir. Les menaces constantes du fou de Berlin ne laissaient aucun doute à ce sujet. À la veille de Munich, les lumières de Paris déjà occultées, mon père, comme la majorité des autres Juifs, s’engagea volontairement. Avec la mobilisation générale, convoqué à Vincennes où je l’accompagnai, il fut incorporé au 11e régiment étranger à Valbonne. Avec la drôle de guerre, il fut avec tous les pères de famille nombreuse renvoyé dans ses foyers. L’attaque foudroyante du 10 mai, l’exode qu’avec lui je fis à pied et la débâcle nous prirent par surprise. Nous croyions sincèrement que nous allions vaincre parce que nous étions les plus forts !

Au retour, en sortant de la gare de Lyon, je m’informai de la situation auprès du patron du kiosque à journaux aux nouveaux titres inconnus. Pas trop mal, me répondit-il, mais pour les Juifs, ça va mal. On connaît la suite, les files d’attente, les tickets d’alimentation, les lois anti-juives de Vichy allant au-devant des demandes de l’occupant. On dut aller s’enregistrer à la Préfecture de Police, avenue Victoria au Châtelet. Il fallut porter son poste de radio au commissariat. Malgré tout, la vie reprenait un cours normal. Le travail reprenait, pour moi comme pour Papa. Bien sûr, on apposa des affichettes bilingues sur les magasins juifs en attendant leur vente. D‘aucuns étaient soucieux d’apparaître aryens, tel “Lissac n’est pas Isaac”. Naturellement, les artistes juifs avaient disparu des génériques des films et n’avaient plus le droit de jouer.

Le 13 mai au soir, un agent remit une convocation pour mon père à se présenter à la caserne des Tourelles, porte des Lilas, accompagné par un membre de la famille, moi en l’occurrence. Au matin du 14 mai, dès l’entrée, nous fûmes séparés. Après une longue attente douloureuse, le verdict confirma nos craintes. Nous devions revenir avec des vivres et des vêtements chauds pour 24 heures. Dévastés, nous n’eûmes comme informations que les articles des journaux collaborateurs qui annonçaient l’internement de cinq mille Juifs étrangers dans des camps du Loiret à Beaune-la-Rolande et à Pithiviers, ce qui présageait le retour d’autant de prisonniers de guerre (La voisine du 3e étage, une ancienne amie d’ atelier de Papa, aux constantes relations amicales, devenue une de mes collègues chez Trapani, abonda dans le même sens. C’est juste, dit-elle avec sa fille à une amie, il est normal que les Juifs soient également prisonniers. J’arrêtai de lui parler et de la saluer.)

Le samedi suivant, je pris le train pour savoir dans lequel des deux camps se trouvait mon père. La charrette d’un vieux paysan, tirée par un cheval famélique, nous prit à la gare d’Auxy-Juranville jusqu’aux abords du camp. De loin, on apercevait les baraques derrière les barbelés, mais on ne pouvait distinguer les visages. Mais, avec horreur, on entendit monter des cris, une lamentation ininterrompue de Broyt, du pain ! Avec la foule des parents, nous essayions de nous rapprocher, en vain. Les bureaux du camp n’ouvrant qu’à deux heures, les gens aussi énervés qu’angoissés se rabattirent sur le seul restaurant du village à bonne distance du camp, qui n’avait jamais fait autant d’affaires. Plus tard, ayant trouvé le nom de mon père sur la liste des internés, je pus lui faire remettre son colis.

Le camp était soumis au régime carcéral français : deux lettres par mois, passées par la censure, avec du linge sale à retourner lavé, et une visite mensuelle. Ma première visite eut lieu le 22 juin, jour de l’attaque allemande contre l’Union Soviétique. La rencontre se déroula dans un no man’s land, loin des baraques et du bureau d’entrée. Je trouvai papa amaigri, mais confiant dans l’issue des combats en Russie. L’émotion nous prit à la gorge au moment de la séparation. Il rentrait au camp et moi dans mon rôle de chef de famille, si lourd à porter.

En effet, l’allocation familiale était versée à la femme du chef de famille, mais seulement s’il travaillait, c’est-à-dire s’il versait ses cotisations. Je dus donc faire une demande pour devenir ce chef. Pour cela, ma mère, épuisée par cinq grossesses, dut passer une visite médicale aux assurances sociales qui confirma qu’elle était inapte à travailler. Elle devint madame Salomon Buch !

La vie au camp s’organisait entre gens civilisés. Les gendarmes, gardiens du camp, postaient des lettres clandestines moyennant cinq francs. Le commandant du camp, avec son état-major, assista à une représentation théâtrale des internés. Des photos furent prises portant le terme “censure”. Il m’en reste deux. On aidait même les internés à s’évader. Mais une fois l’alerte donnée, si le détenu était repris, le gendarme qui l’avait aidé le frappait plus sauvagement que les autres. Mon père aussi songeait à s’évader. Mais il craignait que je sois pris à sa place. Un détenu démoralisé voulut attenter à ses jours. Mon père l’en dissuada. Il survécut à la déportation et devenu président des déportés, il me dit ému : “Votre père était un grand homme !”

Tour à tour, ma mère, mes sœurs et moi-même pûmes lui rendre visite. À la dernière visite de maman, une permission de 24 heures lui fut accordée dans un hôtel du village. À la suite d’une crise d’appendicite, l’infirmière de la Croix Rouge lui promit de le faire opérer à l’hôpital. C’est alors que le scandale éclata.

Je suis partout, le plus virulent hebdomadaire antisémite étala au grand jour un rapport d’un employé du camp qui, en fait, avait été renvoyé pour vol. Ancien contrôleur sur l’autobus BF du Fg du Temple, il rapporta par dépit les connivences du maire, le Docteur Cabanis, avec les internés, raconta que le maire faisait écouter Radio-Londres aux internés, que l’infirmière de la Croix-Rouge aidait le maire et les internés et d’autres monstruosités du genre. Le résultat ne se fit pas attendre. Le Docteur Cabanis fut contraint par le Préfet à démissionner, m’a-t-on dit. L’infirmière que tous les internés appréciaient fut déportée. On remplaça le commandant du camp et son unité, la discipline fut renforcée. Enfin les visites furent supprimées. Mais la pratique des lettres clandestines se poursuivit. Mon père m’avertit ainsi que l’on construisait de nouvelles baraques, donc pour de nouveaux internés. On ne se doutait pas que l’on prendrait femmes et enfants ! Fuis, me dit-il, ne t’occupe pas de la famille, pars pour la zone libre. Ce que je fis. En plus de son sacrifice suprême, il me sauva la vie ! Arrivé en zone libre trois semaines avant la rafle, j’y fus rejoint par Denise après la déportation de nos êtres chers, mes sœurs Suzanne, convoi du 7 août 1942 et Céline et Marie-Louise, convoi du 17 août 1942.

Quand, le 16 juillet, les autorités policières françaises, avec cynisme, promirent aux femmes des internés de Beaune-la-Rolande de les rejoindre, elles savaient pertinemment que les internés étaient déjà déportés. Par un sursaut d’humanité, le commandant tenta de garder dans une baraque les pères de familles nombreuses. Mais la Gestapo revint les chercher.

Un survivant me raconta que mon père, souffrant d’œdèmes aux jambes et brisé par la disparition de ma mère et de mes sœurs, se rendit volontairement à l’infirmerie, donc à la chambre à gaz, en octobre 1942. Il avait 42 ans !

En octobre 1944, j’allai à la Préfecture de la Seine me renseigner sur la destination finale de mes déportés. L’agent de service me montra le registre portant la date de l’arrestation et la mention “remis aux autorités allemandes”. Je pus, en l’absence de l’agent appelé par un collègue, mieux lire le registre. À la ligne Motif de l’arrestation, je vis l’inscription : EN SURNOMBRE DANS L’ÉCONOMIE NATIONALE !”

À la Libération, j’ai pu, au prix de grandes difficultés, récupérer le logement familial à la veille de mon service militaire.

Marié depuis près de soixante ans, en janvier 1949, je ne voulais pas fonder une famille dans une Europe instable. Nous partîmes au Canada en Septembre 1952.

 

Les années de mon enfance
En hommage à mes parents et à mes sœurs
Un arrangement sur les airs folkloriques juifs en yiddish
Des chansons favorites de mon père et de ma mère.

Refrain : Air « Kinder Yorn » de Gibirtig

Quand je revois mes années d’enfance
J’ai dans mon cœur toute une romance
Je vois mon père travailler
J’entends son marteau frapper
Au rythme des chants de mon enfance

1er couplet : air « Der gezaltzener yam »

Il chante et pendant ce temps
Son marteau cogne
Sur la misère des années passées
Un océan de larmes salées
Que vive le Bund de Russie de Pologne
Ce vieux pays où il était né.

2e couplet : air « Hamerou, hamerou clap

Tape fort, tape marteau
Du petit matin jusqu’au soir
Le patron ne veut rien savoir
Il faut tout livrer sans retard
Et pour qu’à la morte saison
On ait des sous à la maison.

Tape fort, tape marteau
Après l’école en plein boulot
Maman sur la table a servi
Un goûter des plus réussis
Puis Papa devant l’établi
Reprend sa maroquinerie

Ô tape fort, tape marteau

2e refrain

Quand je revois mes années d’enfance
J’ai dans mon cœur toute une romance
Pendant que je m’endormais
Ma mère me dorlotait
Avec une berceuse de mon enfance.

Couplet : air « in America »

C’était le chant d’une mère
À son cher enfant
Elle pleurait sa misère
Son amour absent
Elle chantait sa prière
À celui qu’elle aimait tant

Ton père est en Amérique
Dors mon petit gars
Nous aussi en Amérique
Un jour on ira
Nous irons en Amérique
Si tu dors mon petit gars
Papa écrira une lettre
Et mettra dedans
Une ou deux photos peut-être
Et un peu d’argent
Il nous enverra une lettre
Avec un peu d’argent

Et je suis en Amérique
Le rêve que m’a fait
La berceuse romantique
Que Maman chantait
J’entends la voix nostalgique
De Maman qui me berçait.

3e refrain

Quand je revois mes années d’enfance
J’ai dans mon cœur toute une romance
Je vois ma mère cuisiner
Laver, coudre et repasser
Dans sa cuisine chantait mon enfance.

Couplet : air « Die 3 naïturins »

Elle chante le jour, elle chante la nuit
De sa voix claire, douce et unie
Je ne l’entends pas se coucher
Avant moi elle et réveillée
Toujours, je l’entendrai chanter

Elle soupire, elle est fatiguée
Parfois même je la vois pleurer
Elle a si peur, tant de soucis
Ses enfants sont toute sa vie
Elle voudrait tant les protéger
C’est leur amour qu’elle veut chanter.

4e refrain

Quand je revois mes années d’enfance
J’ai dans mon cœur toute une romance
Je revois mes sœurs qui rient
J’entends leurs jeux et leurs cris
C’était la chanson de mon enfance

Couplet : air « a moi is geven a maïsse

C’est l’histoire peu ordinaire
D’un roi et d’une bergère
D’un jardin extraordinaire
Conte de fées merveilleux
Comme les oiseaux d’une volière
Nous écoutions sans nous taire
Chanter mon père et ma mère
Et nous étions heureux

Aïe lou lou mes chers enfants
Perdus dans le temps
Quand je me retourne en arrière

 

Témoignage recueilli en 2008

 

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EFRAÏM BUCH
Interné au camp de Beaune-la-Rolande à partir du 14 mai 1941
Déporté à Auschwitz le 17 juillet 1942 par le convoi 6
Assassiné à Auschwitz le 27 octobre 1942 à l’âge de 42 ans

SALOMON BUCH
Fils d'Efraïm Buch
le 1er mai 1923