Alfred Hebenstreit (sd, sl). Archives familiales

Alfred HEBENSTREIT
par son fils Jacques Hebenstreit

Alfred Hebenstreit est né le 18 avril 1901 à Lwow (Pologne), quatrième et dernier enfant d’une famille qui avait déjà deux filles et dont le fils aîné avait 20 ans. Son père est mort peu après sa naissance. Apprenti horloger à 15 ans, il a obtenu à 22 ans, de la Guilde des Maîtres horlogers de Lwow, un diplôme de Maître horloger. En 1925, il a épousé Evguenia Kirschenbaum de Kielce (Pologne) et je suis né en 1926.

La même année, la famille a émigré en France et, après avoir vécu dix ans à Sarreguemines (Moselle) où leur fille Dora naît en 1927, elle a déménagé pour Paris en 1937 à cause des menaces de guerre.

En 1939, à la déclaration de guerre, mon père s’est engagé volontaire dans la Légion Étrangère mais, compte tenu de sa compétence en mécanique de précision, il a été transféré par les autorités militaires à l’usine de Jaeger-Le-Coultre, dans la banlieue parisienne, pour participer à la fabrication et la mise au point des tableaux de bord des avions de chasse.

En octobre 1940, en application des décrets antisémites du gouvernement de Vichy, toute la famille s’est rendue au Commissariat de Police du 19e arrondissement pour se faire recenser et faire apposer le tampon “JUIF” sur les cartes d’identité.

En mai 1941, mon père a été convoqué par le Commissariat de Police du 19e arrondissement pour “Affaire le concernant”. Il y a été arrêté et transféré au camp de concentration de Pithiviers.

En juin 1942, nous avons reçu une dernière lettre de mon père nous informant que les détenus allaient progressivement être envoyés en Allemagne pour y travailler dans des usines, qu’il allait bien et qu’il nous écrirait dès qu’il le pourrait. Il est mort en juillet 1942, dans une chambre à gaz d’Auschwitz, déporté par le convoi 4 du 25 juin 1942.

À la Libération, pour son action dans la Résistance dès juin 1940 et pour sa participation à l’action clandestine à l’intérieur du Camp de Pithiviers, mon père a été promu, à titre posthume, au grade d’Adjudant-Chef des Forces Françaises avec la mention “Mort pour la France” et, à ce titre, son nom est gravé sur le Monument aux Morts 1939-45 de la ville d’Ivry-sur-Seine.

Photo de la statuette :
La statuette a obtenu le 1er prix de l’exposition des œuvres d’art réalisées par les détenus du camp de Pithiviers et organisée par ceux-ci à l’intérieur même du camp au printemps de 1942. Ces œuvres étaient offertes à la vente à l’ensemble des détenus.

Cette statuette anonyme (il n’y a aucun nom d’auteur), haute de 17 cm, a été achetée par mon père, le détenu Alfred Hebenstreit qui me l’a fait parvenir pour l’anniversaire de mes 15 ans (mars 1942). Il lui manque l’avant-bras gauche avec sa main gauche qui tenait un mini-miroir à la hauteur de son visage. Le bras a été cassé et a disparu lors de nos nombreux déménagements précipités en juillet 1942 et à la Libération pour échapper à la police de Vichy.

 

Témoignage recueilli en 2008

 

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ALFRED HEBENSTREIT
Interné au camp de Pithiviers à partir du 14 mai 1941
Déporté à Auschwitz le 25 juin 1942 par le convoi 4
Assassiné à Auschwitz le 22 juillet 1942 à l’âge de 41 ans

JACQUES HEBENSTREIT
Fils d’Alfred Hebenstreit
en 1926